Les Etés de la Danse

Pour fêter l’anniversaire de ses dix ans, le festival Les Etés de la danse a invité à Paris le San Francisco Ballet dirigé par Helgi Tomasson. La présence de cette compagnie est encore plus significative cette année car, en 2005, elle s’était produite pour inaugurer la première édition de cette manifestation dans la cour des Archives Nationales.

Malgré le temps passé, la manifestation estivale parisienne reste un des points forts de la saison, proposant tous les ans les meilleurs artistes et compagnies de niveau international. Le Ballet de Cuba, l’Alvin Ailey American Dance Theater, le Grand Ballet de Montréal, le Miami City Ballet, Ana Laguna et Mikhaïl Baryschnikov, pour ne citer que quelques noms, ont fait de cet évènement au fil des années un rendez-vous à ne pas manquer pour le public de la danse.

Le San Francisco Ballet a en programme au Théâtre du Châtelet 18 représentations, dont neuf premières à Paris. Son répertoire privilègie les oeuvres des grands chorégraphes néoclassiques et de la post-modern dance : Balanchine, Morris, Wheeldom, MacMillan, Van Manen, Ratmansky et Robbins. Les danseurs, très doués d’un point de vue technique, montrent leur grande maîtrise et leur capacité d’adaptation aux différents esprits artistiques que les pièces requièrent.

Le public a pu les admirer dans les chefs d’oeuvre de Balanchine : Agon, The Four Temperaments, Allegro Brillante. Spécialement dans cette dernière pièce, on a pu remarquer Mathilde Froustey, sujet de l’Opéra de Paris et temporairement Principal du San Francisco Ballet.

Elle a montré une très bonne technique et a su se mettre en évidence parmi ses collègues. Son seul défaut est une personnalité peut-être un peu trop exubérante, qui contraste avec la sobriété, l’élégance et l’équilibre du style de Balanchine.

Le Solo de Van Manen a été époustouflant grâce aussi aux trois danseurs qui l’interprètent. Ils jouent avec l’espace, avec leurs grands mouvements et leur rapidité. Ainsi, leurs corps deviennent instruments pour créer une danse puissante et gaie, un tourbillon d’énergie du début à la fin.

Avec Maelstrom de Morris, on peut remarquer l’esprit d’ensemble de la compagnie. Les protagonistes alternent sur scène, dessinant de belles arabesques, et mettant en évidence la syntonie des couples dans les pas de deux. La chorégraphie est linéaire et ne crée jamais de rupture même si la musique de Beethoven, le Trio pour piano, violon et violoncelle n.1, est composée d’une suite de styles différents. On retrouve les influences de Haydn et Mozart dans certains passages ainsi qu’un Beethoven plus mûr, plus proche des sonorités du romantisme.

Un des meilleurs ballets a été Glass Pieces de Jerome Robbins. La musique répétitive de Philip Glass acquiert une toute autre allure et un caractère bien marqué grâce à la scénographie et les lumières : un tableau de fond quadrillé aux différents coloris et une scène bien éclairée. Les danseurs ne font que marcher sur scène, surtout au début du ballet, mais en même temps ils dessinent l’espace, ils le créent, ils représentent un univers humain témoin de toute différence. La musique ouvre les esprits et a la capacité de nous emmener vers un univers lointain en nous faisant rêver.

Et ce n’est pas par hasard que dans ce ballet il y a aussi l’espace pour un moment harmonieux, dansé par un couple. La force de ce ballet reste dans l’intensité d’une chorégraphie apparemment simple, mais recherchée.

A ne pas oublier, pour la bonne réussite de toutes les représentations, la présence au Théâtre du Châtelet de l’Orchestre Prométhée, qui accompagne avec ses musiciens les performances des danseurs, faisant vibrer encore plus la danse.

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